jeu 21 novembre 2024 - 18:11

Pourquoi le Grand Orient de France est-il la plus grande obédience française ?

C’est bien connu – le Grand Orient de France est l’Ordre qui, et de loin, détient le record du plus grand nombre de frères et de sœurs, parmi toutes les obédiences du paysage maçonnique français. On pourrait donc se demander comment cela puisse être le cas…

Bien sûr, beaucoup de profanes seront séduits par le discours républicain et laïcard de certains illustres membres du conseil de l’Ordre du GODF. En outre, la volonté croissante de séduire à outrance peut porter ses fruits. On parle bien depuis des années de la course aux chiffres, comme si ‘avoir la plus grosse’ était un élément fondamental dans le poids politique qu’un Ordre pourrait exercer sur les gouvernants du pays. Si cela est vrai, nous avons tous à nous en inquiéter…

Un des éléments de réponse quant au succès du GODF est peut-être la diversité des rites et des Frères et Sœurs qui ont choisi cet Ordre. Les loges peuvent être sociales, spirituelles ou les deux ; elles peuvent choisir d’initier hommes ou femmes, et selon les qualités et défauts des profanes qui leur sied ; une liberté quasi-totale est laissée aux loges.

Difficiles d’avoir accès a des chiffres officiels ; mais il semble que sur les quelque 900 loges du GODF, les deux tiers soient au Rite Français et le reste pratiquent… Un des autres rites dont le GODF est le détenteur, dont Memphis-Misraïm, le RER, le REAA, et même le rite d’York, et d’autres encore. Selon le livre officiel de l’histoire du GODF, plus d’un millier de maçons travaillent au seul rite de Memphis-Misraïm. Cela montre bien comment le GODF est divers et multiple.

De même, les rites et rituels peuvent être retouchés, soit pour les restaurer à leur ancienne gloire, soit pour les modifier. Cela peut donner des débordements ; mais tel est le prix de la liberté. Serait-il possible de toucher au saint rituel dans certaines obédiences régulières, ou qui souhaiteraient l’être ? Il y a parfois un ayatollah du savoir qui va vouloir imposer sa vérité aux autres, par exemple lorsque qu’une obédience tenta de changer le mot de passe de l’apprenti au Rite Écossais Rectifié (P….) par un autre (Tu….).

Il y a toujours de bonnes raisons, du moins du point de vue de ceux qui prônent le changement, pour proposer ces modifications et les imposer à toute une obédience. Ceux qui en ont fait les frais se reconnaîtront – et ils sont plus commun que l’on pense. Au GODF, et malgré tous ses défauts, il faut reconnaître l’incroyable largesse qui est laissée à ceux qui veulent travailler sérieusement.

Aucune obédience n’est parfaite, elles possèdent toutes un défaut ; inutile de revenir sur celui du GODF. Mais peut-être que tel est le prix à payer pour faire vivre la Concorde, un antre où tous sont bienvenus, qui qu’ils soient et quoi qu’ils pensent. Le GODF ouvre ses portes à tous, du moment qu’ils soient capables de respecter certains principes relativement simples. Les frères et sœurs du GODF tentent de se respecter dans leur diversité et de se reconnaitre comme tels, même si les différences philosophiques et rituelles sont telles qu’elles peuvent paraître incohérentes.

N’oublions pas que le Rite Opératif de Salomon fut créé par un illustre membre du GODF dans la fin du 20ᵉ siècle, et qu’il possède une profonde et belle approche symbolique. N’oublions pas que si le Rite Écossais Rectifié fut réintroduit en France, c’est aussi grâce à l’aide de Camille Savoire, un membre important à l’époque du GODF. Bien d’autres événements importants dans l’histoire de l’initiation en France sont dus au GODF, et ce, en parallèle à son influence réelle ou supposée sur les politiques humanistes et socialistes de la France.

Ainsi, nous en revenons au chiffre 3, et à la fameuse dialectique chère à Hegel, qui est si connue : thèse – antithèse – synthèse (même si Hegel n’a pas utilisé cette formulation). Le Grand Orient de France est la preuve vivante de l’existence d’un concept et de son contraire… La stabilité de son édifice contribue à sa force ; les scissions n’ont pas ébranlé l’obédience, à l’instar de la grande GNLF par exemple. Souhaitons qu’il puisse longtemps continuer à exister, malgré les problématiques qu’il peut traverser et qui interrogent ses propres membres.

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A. Thalès
A. Thalès
Âgé de 36 ans, passionné d’histoire, de sociologie, de philosophie et bien sûr d’ésotérisme, A. Thalès vous propose un chemin de recherches, de rencontres et de connaissances. Lecteur avide, titulaire de Master venant de deux universités, il tente d’unir les idées des sciences modernes avec les voies (et voix) de nos anciennes spiritualités.

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